Films en ligne / Focus

La parole aux technicien.nes #1 L'image

Créer un film, c'est mettre en forme la vision d'un.e réalisateur.rice. Et au service de cette vision, c'est toute une équipe de technicien.nes et d'artistes. Aujourd'hui, le GREC choisit de donner la parole aux techniciens de l'image, en les laissant témoigner de leur travail sur quatre films : parmi eux, des chefs opérateur.rices, des cadreur.euses, des machinistes... C'est autant de métiers qui donnent à l'image son intention et sa puissance. Couleurs, lumières, compositions, rien n'est laissé au hasard pour donner vie à la vision du réalisateur.ice, et au film sa forme finale.


Nina de Gabriel Condé - 2020

- Manuel Marmier, chef opérateur ;
Gabriel est venu vers moi avec l'envie d'un film nocturne saturé, presqu'en huis clôt, dont on s'échapperait au petit matin dans une séquence surréaliste. L'ambiance générale du film est telle que le temps semble parfois suspendu et parfois il s’écoule suivant la subjectivité du protagoniste. Ce dernier déambule dans différentes pièces d'un appartement transformé pour une fête et il assiste aux récits éparses portés par certains convives. Un Vidéo Projecteur (VP) diffuse un écran bleu ou une vidéo à certains moments de l'histoire. Il fallait une ambiance lumineuse stylisée par des couleurs, avec ce bleu du VP comme base lumineuse dans certaines séquences. En plus du VP, nous avons décidé de jouer sur des éléments de décor lumineux : des objets acteurs comme la table basse (vert), une lanterne magique (orange), des bougies, etc. En fonction des séquences et des sources qui prévalent, les personnages sont attaqués par des saturations différentes, installant un contraste chromatique sur les visages et les corps tout au long du film. Avec Yannig Willmann l'étalonneur, nous avons travaillé à garder des informations dans les parties les plus denses, il n’était pas question de coller les noirs pour assombrir globalement l'image. En accord avec Gabriel, j'ai plutôt opté dés le tournage pour une sous-exposition contrôlée dans les parties sombres de l'image. Certaines séquences se déroulent dans des ambiances chromatiques neutres, pour permettre à l’œil de retrouver une référence de « normalité ». Pour la séquence finale nous avons installé dans la cours de l'immeuble une toile de fond vert pour incruster le levé du soleil dans un ciel dégagé aperçu à travers la fenêtre et un projecteur tungstène reprend le crescendo lumineux du soleil qui apparaît.

Les restes de Marina Russo Villani - 2018

- Yannig Willmann, étalonneur ;
Pour le film Les restes, le travail s'est fait autour d'images qui inspiraient dès le départ le film de Marina. Des images très chaudes, orangées, baignées de lumières artificielles, celles-ci nous ont servis de partitions, d'impulsion de départ pour nous engager dans cette vision qu'avait Marina de cette nuit incandescente et obscure. Du très beau travail des lumières de Sarah j'ai pu accentuer cette atmosphère oppressante et mystérieuse qui situe ces personnages à la limite du rêve."


Heliconia de Paula Rodriguez Polanco - 2020

- Paula Rodriguez, réalisatrice/chef opératrice ;
Heliconia a été tourné entièrement en Super 8. Depuis la genèse du film, la réflexion sur ce support a été fondamentale d’un point de vue formel et narratif. Le corps et les affects dans leur relation au paysage étaient des thématiques centrales du projet, qui ont été pensées depuis le début comme étant indissociables de la matérialité du Super 8, de sa texture granuleuse et de son caractère instable. Dans ma pratique artistique comme dans mon activité de recherche, je travaille avec des supports argentiques comme le Super 8 ou le 16mm, en interrogeant leur matérialité organique et leur propriétés affectives. J’aime filmer avec ces caméras et supports légers et imprévisibles. Il y a quelque chose qui s’échappe toujours qui donne naissance à la surprise et à l’imprévisible. Ces supports et caméras ont une grande liberté, une vie propre que je trouve très excitante. On ne peut pas contrôler complètement ces images ; on ne peut pas les domestiquer. En ce sens, mon rapport à l’image est donc plus intuitif que technique. Ces petites caméras deviennent rapidement une sorte d’extension corporelle, de l'œil et du bras. Pendant le tournage, cette fluidité corporelle avec la caméra instaure quelque chose de l’ordre de la danse. De plus, la petite taille du viseur crée des rapports d’intimité et de complicité avec le sujet filmé. Ces aspects contribuent à créer une dimension charnelle qui s’avère centrale dans ma manière d’appréhender et de fabriquer des images.

Dar, Anne Cissé - 2016









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